Les enfants de la mer : plongée dans un mystère aquatique

Les enfants de la mer : plongée dans un mystère aquatique

Titre : Les enfants de la mer ou Kaijū no kodomo en japonais.

Scénariste et dessinateur : Daisuke Igarashi

Collection : Moonlight Manga

Il a d’abord été prépublié au Japon dans le magazine Monthly Ikki entre 2006 et 2011. Paru en France, le 19 octobre 2022 aux éditions Delcourt, il comporte 5 tomes.

Il a également été adapté en film, sorti en 2019.

Thème : écologie ; amitié ; mystère ; monde marin.

Genre : Seinen

Ruka, une collégienne éprise de liberté, vit au bord de la mer. Pendant les vacances d’été, elle fait la connaissance de deux garçons, Umi et Sora, qui ont été élevés par des Dugongs, des mammifères marins menacés de disparition. Quand ils nagent dans la mer, ils donnent l’impression de voler et parfois se mettent à briller. Qui sont réellement ces deux garçons fascinants ?

Editions Delcourt

– Rencontre onirique –

« Les Enfants de la mer » débute par une sortie en bateau, impliquant une femme et un enfant. Celle-ci profite d’une balade sur les flots pour évoquer des souvenirs d’enfance.

Avant d’entrer dans le récit, l’auteur propose une ouverture un peu spéciale. Les premières pages, en couleur, permettent d’introduire l’histoire avec une scène fantastique : deux plongeurs venus observer « la ponte du corail », un moment apparemment magique ; et au milieu de ce moment spectaculaire, deux bébés qui nagent dans l’océan, tels deux poissons dans l’eau.

Ces planches introduisent différents chapitres tout au long de l’histoire et semblent reprendre des témoignages de personnes qui auraient croisé des enfants sous l’eau. Sans vraiment savoir si ceux-ci sont tirés de faits réels ou non, ils apportent une touche de réalité à ce conte fantastique. Trois témoignages sont présentés et chacun évoque des enfants hors du commun, rencontrés dans les profondeurs de la mer ou près d’un port.

Puis, on remonte dans le passé pour suivre les aventures de Ruka, qui débutent pendant les vacances d’été.

Tout commence durant les premiers jours de congés : suite à un événement désagréable, Ruka décide de se rendre à Tokyo sur un coup de tête pour y voir la mer. Une fois sur place, elle fait la rencontre d’un étrange garçon de son âge : Umi.

Au même moment, dans le monde des adultes, d’étonnantes disparitions ont été rapportées. En effet, dans plusieurs aquariums du monde entier, des poissons disparaissent sans explication.

Alors que notre protagoniste cherche à s’échapper de cette vie qui la rend triste, à « s’envoler », elle retrouve Umi à l’aquarium de son père. Celui-ci est en train de « voler » justement, ou plutôt de nager dans le grand bassin, parmi les poissons, les baleines et les requins.

Umi porte un intérêt bien particulier à Ruka, car d’après ses dires, ils se ressemblent. Il décide alors d’aller la chercher pour qu’elle l’accompagne observer les « feux follets ». Sans vraiment que les enfants et le lecteur ne sachent pourquoi, un lien bien particulier semble réunir Umi et Ruka, qui se comprennent bien plus qu’il n’y parait.

En effet, Umi a l’air de deviner les pensées et les ressentis de la jeune fille, sans que celle-ci n’ait eu besoin de les exprimer à haute voix.

Suite à l’événement des feux follets, d’autres encore plus étranges se produisent dans les fonds marins. Notamment plusieurs poissons abyssaux qui viennent s’échouer sur les plages japonaises, interprétés par les pêcheurs comme un mauvais présage.

Ruka, elle, remarque qu’elle est particulièrement sensible aux chants des baleines. Au cours d’une sortie en mer, ils découvrent qu’ils ont un secret en commun : ils recherchent tous les trois « les fantômes des océans ».

Ce tome se termine sur un suspense intense qui donne envie de plonger tout de suite dans le tome 2 de cette histoire !

– Des personnages aquatiques –

Ruka est une petite fille réservée, un peu « sauvage ». Elle semble différente des autres filles de son âge. À l’école, elle est seule mais se sent libre quand elle pratique son sport préféré, car elle a l’impression de voler.

L’ambiance à la maison parait tendue, avec des parents qui ne communiquent plus : d’un côté, une mère très belle mais distante, qui boit « des canettes » ; de l’autre, un père lâche, soi-disant absent pour le travail. Après que son école lui ait interdit de jouer avec son équipe de handball, Ruka cherche un moyen de s’évader.

Umi est un garçon qui a grandi dans l’océan. Un petit gars mystérieux, dont le tuteur est Jim, un homme excentrique et plein de tatouages. Umi (dont le prénom signifie « mer » en japonais) présente des compétences hors du commun : il nage comme un dauphin, a un odorat surdéveloppé et semble parfois même deviner les pensées de Ruka.

Sora (« ciel » en japonais) est le grand frère d’Umi, il est plus froid et distant que son cadet. Il a les cheveux et la peau très clairs, ce qui renforce son caractère mystérieux, voire fantomatique.

Umi, quant à lui, parait tout de suite plus accueillant et chaleureux, avec ses cheveux de jais, sa peau dorée et ses grands yeux. Deux personnalités différentes et pourtant, ils sont évidemment très complices. Ils présentent tous deux les mêmes particularités et ont été retrouvés dans la mer étant bébés.

Ils auraient été élevés ensemble par une famille de Dugongs durant leurs premières années de vie. Umi apparait très curieux à la rencontre de Ruka, car d’après lui, elle leur ressemble. Sora, lui, se montre plutôt glacial au premier abord, mais seulement envers la jeune fille. Malgré les pages en noir et blanc, on voit bien que Umi et Sora sont différents des autres, notamment au niveau de leurs yeux et de la profondeur de leur regard.

Des dessins féériques et un texte réaliste

Je trouve les dessins tout simplement merveilleux ! Au début de différents chapitres, on retrouve plusieurs pages colorées. Celles-ci permettent d’entrevoir la poésie de ce monde marin et ainsi d’imaginer ces couleurs pour les suivantes.

Les illustrations des scènes aquatiques sont tout simplement magnifiques. Les traits réalistes confèrent une certaine authenticité à ce monde sous-marin. À d’autres moments, les scènes sont fantastiques, comme tirées d’un rêve. Cet effet donne comme résultat un récit qui vogue entre deux eaux : l’une réelle, l’autre imaginaire.

Ce premier tome permet d’introduire un mystère bien plus profond autour de la relation entre les humains et la mer. On sent également émerger un message écologique qui sera approfondi dans les tomes suivants.

Cette œuvre aborde l’adolescence, le fait de se découvrir, soi et les autres, de trouver sa place. Elle évoque aussi l’incompréhension entre le monde des adultes et celui des enfants. Cet aspect se retrouve notamment à travers la relation de Ruka et de ses parents.

Et enfin, ce manga parle de l’amitié. À un âge où la communication peut paraitre compliquée, on découvre des enfants qui se lient, parfois sans un mot.

– Mon avis –

Mon seul petit regret concerne le fait qu’on n’ait pas plus de pages en couleur. Cela aurait amplifié la féérie du sujet, sans aucun doute. Mais là, je me permets vraiment de faire la fine bouche.

Les dessins sont incroyables et transmettent toute la magie du récit. Les différentes scènes sous-marines nous donnent parfois l’impression de voler ou de plonger avec les personnages.

Ce premier tome nous permet de naviguer à travers ce monde impénétrable des océans et d’y découvrir des créatures fantastiques. Il place les prémices d’une aventure onirique et énigmatique, impliquant deux garçons bien étranges.

J’aime beaucoup cette métaphore d’ailleurs : deux enfants nés de la mer – qui est également le berceau originel de toute créature vivante aujourd’hui – qui rencontrent une jeune humaine, issue de la terre. Ces enfants font ainsi le lien entre les mondes terrestre et marin.

Bref, si cette petite sortie en mer, naviguant entre fiction et réalité t’a plu, je te konseil de plonger dans la Méditerranée !

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