Possessions d’Alexis Bacci, une œuvre qui ne laisse pas indemne

Possessions d’Alexis Bacci, une œuvre qui ne laisse pas indemne

Novembre 2024…

Antonio Ventimiglia, loser de circonstances, en a marre… Lassé de son travail dans le web, lassé de sa vie fade dans les strates de la vie bobo parisienne… Lassé de tout en fait… Lassé de vivre…

Alors, comme un dernier hommage à son père qui lui a offert ses racines italiennes, un soir il plaque tout, prend sa voiture et décide de se foutre en l’air, plantant violemment sa voiture dans le décor, à la sortie d’un tunnel le menant à Turin… Sauf que, même sa mort il la rate, comme il le pensera pendant son trajet vers l’hôpital…

Là-bas, il rencontre un vieil homme, Alfonso Di Marco. Celui-ci, écrivain, semble trouver une certaine fascination pour Antonio et lui propose un travail : enquêter sur les mouvements ésotériques de Turin pour le compte d’un mécène excentrique passionné d’occultes…

Oubliez tout espoir…

Il y a des œuvres qui vous bousculent. Qui vous troublent et vous hantent. Possessions (dont finalement le titre se destine peut-être plus aux lecteurs qu’aux différents protagonistes) d’Alexis Bacci sont de celles-ci.

Pour être tout à fait honnête, ma première lecture m’a laissé dubitatif. Non, en fait, je n’ai pas du tout aimé ma première lecture.

Même si je lui trouvais des points positifs (nombreux) – telle que l’originalité de la mise en image, avec des alternance de dessins et de photographies, la narration dynamique et surtout le style graphique – le résultat, in fine, était que je lui trouvais trop de défauts pour l’estimer bonne ou juste agréable.

Si je n’avais pas grand-chose à redire sur la forme, le fond m’était apparu assez vide, simpliste, très prétentieux et inutilement alambiqué, à l’écriture amphigourique.

Ce n’était, de fait, ni une œuvre que je voulais recommander ni que je voulais relire. Je ne connaissais pas Alexis Bacci, hormis de nom, et ma conclusion était que cet auteur ne me correspondait pas…

Je pensais donc le mettre dans ma bibliothèque et l’oublier. Mais ce ne fut pas le cas, parce que, comme je l’ai dit : il y a des œuvres qui vous bousculent, qui vous troublent et qui vous hantent.

Les jours suivant ma lecture, à l’instar d’Antonio dont les rêves psychédélique l’obsèdent, mes pensées revenaient très (trop) souvent sur l’ouvrage. Les tirades sur les orques… Les cases non pas dessinées mais photographiées… Les descriptions et les histoires qui me rappelaient furieusement la visite de Londres dans From Hell… Les personnages fascinants et très attachants pour certains…

Hantise

Alors j’ai décidé de le relire. Et ma deuxième lecture se révéla bien plus agréable. Des subtilités qui m’avaient échappées m’apparaissaient dorénavant, et en définitive, nombre des défauts que je lui avais trouvé de prime abord, s’étaient sinon évanouis du moins sacrément estompés.

Pourtant, j’avais conscience qu’il me manquait encore des clés de compréhension. Alors, encore une fois, comme Antonio, j’ai creusé.

Je me suis intéressé à Alexis Bacci et à ce que le cinéma appelle « la politique des auteurs ». J’ai lu d’autre œuvres notamment Dérives dont le protagoniste ressemble traits pour traits à Antonio, les deux étant calqués sur leur auteurs.

On s’aperçoit qu’Alexis met de lui, beaucoup, dans ses œuvres. Éléments autobiographiques, photos personnelles, anecdotes…

Alexis se met en scène ou plutôt un avatar de lui-même, dans des situations aussi inquiétantes qu’intimistes.

Et Possessions est un peu l’aboutissement de son travail. Œuvre dérangée et pourtant géniale, proposant d’innombrables pistes de lectures parfois évidentes parfois extrêmement cryptiques, portée par le dessin particulier mais logique d’Alexis Bacci, la BD est un chef d’œuvre absurde et pourtant incroyablement cohérent dont chaque lecture offre un peu plus de limpidité.

Conclusion

Cependant, de par ma propre expérience, je ne conseillerais pas forcément Possessions comme première lecture pour découvrir Alexis Bacci. Si finalement l’œuvre m’a totalement conquis, ma première lecture a vraiment failli me faire décrocher.

Néanmoins, malgré une première expérience décevante, Possessions s’impose comme l’une des meilleures BD françaises de ces dernières années et l’une des plus originales.

Et si vous avez encore des besoins de sorcellerie, pourquoi ne pas tenter Witch and mercenary : vers un nouveau monde ?

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