Sorcières : une sublime plongée dans l’occulte

Sorcières : une sublime plongée dans l’occulte

Sorcières est un manga paru en mai 2025. Il est édité par la maison Delcourt, dans la collection Moonlight Manga.

Premier tome d’une série en 2 volets, l’œuvre de Daisuke Igarashi nous propose une plongée dans les arcanes de la sorcellerie.

Ce recueil de contes propose diverses visions de la sorcière à travers les âges et les origines. Il offre ainsi un large panel de représentations de cette figure emblématique de la littérature fantastique.

Depuis toujours, l’image de la sorcière fascine autant qu’elle effraie. En effet, de la vieille femme racornie à la jeune ingénue, cette figure incontournable du folklore est présente dans toutes les cultures.

Si on lui prête souvent des pouvoirs liés à la nature ou à l’hérédité, la sorcière semble pourtant toujours devoir acquérir des connaissances par elle-même. Dans le premier conte de cet ouvrage, on découvre l’histoire de Nicola, la sorcière vengeresse.

Humiliée 30 ans plus tôt par un jeune garçon, elle revient à Istanbul avec de puissants pouvoirs dans le but de venger cet affront. Après avoir étudié les sciences occultes de diverses origines, elle a acquis suffisamment de connaissances pour éveiller les esprits des défunts et en faire une armée à sa solde.

Dans ce même conte, une fillette vivant dans une région reculée de la Turquie découvre un pouvoir hérité de ses aïeules. En effet, le tissage artisanal qu’elle pratique contient des messages et des secrets qu’elle seule peut déchiffrer. C’est une « messagère » qui doit transmettre au destinataire, qui n’est autre que Nicola, le secret inscrit dans le fil.

On retrouve dans ce premier chapitre deux sorcières aux origines différentes, et qui possèdent de grands pouvoirs. L’une a cependant acquis cette puissance de manière innée. L’autre a dû étudier des années durant afin de maîtriser un pouvoir qui la dépasse et finira par la détruire.

Les contes suivants font références à d’autres cultures et légendes. Ainsi, la seconde histoire se déroule au cœur de la jungle, et met en scène la puissante chamane d’une tribu autochtone.

Lorsque son peuple est menacé par une violente politique d’exploitation de la forêt, la chamane Kumali use de ses pouvoirs pour tenter de repousser l’assaillant. Il s’agit ici d’une fable très ancrée dans l’actualité, relatant des faits réels concernant la destruction de la jungle Amazonienne.

Kumali possède d’incroyables et effrayants pouvoirs, faisant appel aux esprits de la forêt et aux animaux. La milice armée chargée de la retrouver et de la supprimer en fera les frais.

Malheureusement, ce conte moderne relate la réalité des pressions exercées par les pouvoirs en place sur les tribus indigènes. La dernière image est particulièrement choquante et traduit de manière très crue la situation vécue par ces peuples opprimés.

Dans le troisième conte de cet ouvrage, on fait allusion à ce qui peut être perçu ou non, et par qui. En effet, dans l’imaginaire commun, certains sont plus enclins que d’autres à ressentir l’invisible.

L’occulte serait perceptible par des personnes sensibles aux énergies, positives ou négatives. On observe au cours de l’histoire de nombreux cas rapportés « d’exorcisme », de possessions et de visions. Ces phénomènes, généralement réprimés, notamment par la religion, seraient des manifestations de cette perception de l’invisible.

Le dernier conte met en scène un homme vivant au sein d’un monastère, et qui recevrait les visites régulières d’une sorcière qui se déplace à dos d’oiseau. Les autres membres de sa congrégation remontent cette information à la « sainte inquisition ». Un prêtre est alors envoyé sur place pour vérifier ces faits et reporter ses observations à ses supérieurs.

La conclusion de cette courte histoire est des plus surprenantes, les lecteurs curieux en conviendront.

L’auteur offre une sublime plongée dans les mystères de la sorcellerie d’hier et d’aujourd’hui. Dans cette suite de contes variés, on brosse le portrait de la sorcière sous différents angles folkloriques et culturels. Le lecteur est embarqué dans un tourbillon graphique à couper le souffle, tant le trait est brut et vivant.

Cette lecture m’a littéralement happée, et je l’ai dévorée d’une traite. Fascinée comme beaucoup par la figure de la sorcière, cet ouvrage d’une grande beauté m’a régalée du début à la fin.

Vous reprendrez bien une petite dose de monde occulte ? Découvrez (ou redécouvrez !) sans attendre une effrayante histoire d’exorcisme avec The Devil of the Gods !

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