Présentation

Autrice : Salomé Lahoche
Éditeur : Glénat BD
Nombre de pages : 128
Prix : 24,00 €
Date de sortie : 11 Juin 2025
Résumé
Ancolie est une sorcière de 27 ans en apparence, mais qui en réalité est née au XVIIème siècle. Avec le temps qui s’écoule 13 fois plus lentement que pour les humains, la lassitude a fini par prendre le dessus. Entre beuveries, lendemains de cuite et dramas, les jours passent et se ressemblent. Mais sa condition d’être surnaturel la rattrape et elle doit assister au Congrès annuel du Conseil des sorcières. Après toutes ces décennies à buller, sera-t-elle à la hauteur des attentes de ses pairs ?

Une protagoniste singulière
Ancolie est un personnage pour le moins atypique, pour ne pas dire complètement infernal. C’est une femme insupportable et égoïste, mais aussi avec des comportements auxquels on pourrait facilement s’identifier.
La lassitude de la sorcière se traduit par du pur chaos, ayant des répercussions catastrophiques sur sa vie. Alcoolique, bordélique, fainéante, elle est très peu appréciée.
Néanmoins, elle peut compter sur son fidèle crapaud Michel, et ses deux meilleures amies Claude et Macha. Ces dernières sont aussi des sorcières, aux caractères cependant bien différents de leur amie.

Mais cette sorcière a beau attiser une certaine antipathie, il est plutôt facile de se mettre à sa place. En effet, qui n’aurait pas envie de draguer tout son village en se mettant des grosses cuites chaque soir après des siècles de vécu ?
Cette vie nocturne sied parfaitement à sa personnalité. Le monde de la nuit, qu’il soit avec les humains ou les monstres, est un univers de débauche idéalement chaotique. Exactement ce que recherche Ancolie pour fuir son quotidien morne et solitaire.
Une histoire en deux temps

Dans Ancolie, le récit est divisé en deux parties distinctes. Dans la première, on suit notre sorcière enchaîner les décisions catastrophiques : transgression des règles du Conseil des sorcières, fricotage avec des humains, embrouilles constantes avec son ex Loïc…
Ancolie mène la vie dure à son entourage. Claude, très à cheval sur le règlement, fait souvent la morale à son amie. Macha, plus cool, a parfois du mal à temporiser leurs disputes. C’est souvent difficile d’avoir des conversations profondes avec elle.
Ancolie a tendance à enfouir ses peurs au plus profond d’elle-même, et donne une image de je-m-en-foutiste constante.
Seulement un jour, elle dépasse les bornes en ensorcelant la copine de son ex, et le Conseil l’apprend. C’est la goutte de trop, et suite à ses nombreuses années à négliger ses responsabilités, ses aînées lui donnent un ultimatum : accomplir un haut fait ou elle sera excommuniée et mourra dans 1 an.
Cette révélation la chamboule, mais comment trouver la motivation de survivre quand on est aussi las de cette vie ? Ses proches arriveront-ils à lui faire remonter la pente ? Ancolie réussira-t-elle à prendre conscience de ses problèmes ?

Un humour trash, mais pas que
Dans la BD, la société des sorcières et des monstres en général est assez bien expliquée. C’est intéressant d’apprendre comment naissent celles-ci. C’est une société 100% matriarcale, et la sororité est la base des relations avec les autres sorcières.
Étant très peu nombreuses, tout le monde se connaît. Mais cette solidarité, comme dans la vraie vie, n’est pas systématique. Et le Conseil est dirigé par celles qui sont les plus aguerries et souvent les plus âgées.
On peut y voir une critique des systèmes en place, bien trop souvent conservateurs et qui prennent un malin plaisir à rejeter des idées nouvelles. Avec une vision féministe et écologique, l’histoire amène à réfléchir à des problématiques très actuelles, notamment sur la convergence des luttes.


En même temps, la BD est assez critique avec sa protagoniste. On a du mal à avoir de l’empathie pour elle au début, tant elle fait des choix incongrus. Mais l’intervention des différents personnages tout au long du récit amène des situations plutôt philosophiques, en un sens.
Ses dialogues avec Michel, vivants à deux dans cet immense manoir, ressemblent fortement à des monologues intérieurs. Puisque c’est un familier magique, on pourrait facilement le comparer à un ami imaginaire, avec lequel on a des conversations profondes avec soi-même finalement.
Mais avec sa répartie et ses reproches, Michel est bien plus qu’un crapaud de compagnie. Et j’apprécie tout particulièrement la place qu’il a dans la vie d’Ancolie.

L’avis de la rédactrice

J’ai adoré Ancolie car très fan du style de Salomé Lahoche, avec ses pages grouillantes de détails, le tout sublimé par la coloriste Thaïs Guimard. S’arrêter plusieurs minutes sur une page pour scruter chaque personnage, chaque situation, est un véritable plaisir.
L’humour trash de la BD m’a fait rire plus d’une fois. Les dialogues sont super bien écrits, chaque personne a sa façon de parler, et ce genre d’attention donne une dimension encore plus vraisemblable au récit. Mettre en scène des monstres folkloriques dans un monde contemporain n’est pas nouveau, mais la vision de l’autrice a un charme si particulier que l’on est instantanément plongé au milieu de ce bordel qu’est la vie d’Ancolie.
Tout est tellement poussé que les personnages deviennent des caricatures de ce qu’ils représentent, et ce dans le bon sens du terme.
Et pour encore plus de surnaturel, découvrez une autre pépite de chez Glénat : L’Enfantôme

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Passionnée de nombreuses formes d’arts, j’ai un attrait tout particulier pour le cinéma d’animation et les mangas. L’imagination et la créativité sont pour moi essentiel, c’est pour cela que j’adore me perdre dans chaque fiction que je découvre.
(photo de profil par Rimith)

