Défigurée est une oeuvre abordant de nombreux sujets sensibles. À l’instar de Suicide Girl, on y retrouve des thèmes comme la dépression, combinés à une imagerie horrifique. Mais quelle réalité se cache sous la façade brisée de ce manga ?
L’origine de « Défigurée »
Écrit et dessiné par Kantetsu et Yû Satomi, « Défigurée » (火傷少女) sort pour la première fois en 2017 au Japon. En France, le premier tome est disponible depuis le 3 Octobre 2024 aux éditions Omaké Manga.
Dans sa bibliographie, Yû Satomi a également réalisé Nuisible et Bloody Cruise, deux autres oeuvres d’horreur psychologique.
Quant à Kantetsu, il s’agit du scénariste de Prison Lab et Enroll Back, deux travaux de la même catégorie. Le fait que ces deux artistes aient décidé de collaborer sur ce projet n’est donc pas une surprise !
L’histoire de « Défigurée »
Nous suivons Kaname, un lycéen peu sociable qui a généralement du mal à comprendre ses pairs et préfère garder ses distances. Son manque d’expressivité est à la fois la cause d‘une dépression, cachée au fond de lui, mais également d’une sociopathie apparente.
Un jour, alors qu’il profite d’un moment de solitude dans sa salle de classe, il heurte accidentellement Shina, une de ses camarades. Populaire et rayonnante, elle possède un cache-œil, en faisant une personne facilement reconnaissable.
Mais durant cette rencontre, Kaname lit le journal de Shina. Il y découvre alors une facette bien plus sombre de cette fille en apparence lumineuse. Shina avait fait de nombreux efforts afin de s’intégrer à son environnement. Cependant, Kaname découvre dans le journal une facette sombre et dépressive de Shina.
Au-delà de la dépression, Shina est une psychopathe ayant, tout comme Kaname, son jardin secret. Pour Shina, il s’agit d’une école abandonnée où elle réalise des expériences autour de la mort. Selon ses propres dires, elle ne serait capable de ressentir quelque chose qu’en voyant un être mourir.
Mais c’était avant qu’elle ne rencontre Kaname. Dès cet instant, les deux camarades, qui n’avaient a priori rien en commun, se découvrent de nombreuses similitudes… De cette connexion naît un amour malsain et putride dont la mort est le centre. L’histoire fait mention du passé obscur de Shina ainsi que de son souhait de tuer un humain.
La réalité derrière « Défigurée »
Tout au long de son histoire, « Défigurée » aborde de nombreux thèmes lourds, tels que la dépression, le suicide, la psychopathie et la sociopathie. Toutefois, le manga ne dresse malheureusement ni une image réaliste de la psychopathie, ni de la sociopathie, et a plutôt tendance à les romantiser, s’éloignant ainsi de la réalité.
Qu’est-ce que la sociopathie ?
La sociopathie, parfois confondue ou considérée comme faisant partie de la psychopathie, est un trouble neurologique héréditaire. Il peut également être conditionné par l’environnement de l’individu durant l’enfance, atteignant selon « TF1 Info » 4% de la population mondiale, soit 1 personne sur 25. Ce trouble se caractérise par un manque d’empathie, une certaine impulsivité, un comportement anti-social ainsi que des tendances manipulatives.
Contrairement aux idées reçues, les sociopathes ne sont pas tous malveillants. Avec une aide psychologique, les personnes en proie à ce trouble peuvent voir leurs symptômes atténués.
Qu’est-ce que la psychopathie ?
La psychopathie est un trouble neurologique atteignant environ 5% des adultes dans le monde selon « trustmyscience.com ». Les psychopathes sont connus pour leur sang-froid hors norme, une certaine impulsivité sociale, leur égocentrisme ainsi qu’une propension au stress et à la dépression. Bien que les chances soient plus basses, il est toujours possible qu’une personne atteinte de psychopathie tombe en dépression.
Les médias dépeignent souvent les psychopathes comme des tueurs sanguinaires sans le moindre remords. Cette représentation est largement exagérée et manque de nuance. En effet, bien que la psychopathie augmente les chances qu’une personne se tourne vers la criminalité, il ne s’agit pas non plus d’un cas répandu.
Tout comme la sociopathie, la psychopathie ne peut être soignée, mais un suivi psychologique peut en atténuer les effets.
L’avis de la rédactrice
« Défigurée » est sans doute un manga avec de bonnes intentions. Ce livre partage cependant des stéréotypes problématiques autour de plusieurs sujets sensibles.
La représentation et la mention constante de suicides et de torture en fait une oeuvre lourde et sérieuse. Cependant, elle parvient à retransmettre un sentiment de malaise constant qui accompagne ces notions.
Si l’univers sombre et le style visuel sont bien pensés, décuplant le sentiment de malaise, l’histoire et les personnages restent parfois plats et difficiles à appréhender. Il est ainsi compliqué d’éprouver de l’empathie ou de s’identifier aux protagonistes.
Il y a également de nombreux thèmes qui rendent le livre peu accessible et parfois quelque peu problématique. Cependant, il s’agit d’une histoire d’horreur psychologique avec un environnement bien construit. On ne peut qu’espérer que la suite de l’histoire donnera plus de relief aux personnages !
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