La transition de genre peut s’avérer être une épreuve complexe dans la vie d’un individu.
Mal-être, dépression et sentiment que personne ne peut nous comprendre, c’est ce qu’a affronté Yuna Hirasawa dans son manga « Devenir enfin moi-même« . Êtes-vous prêts à affronter les difficultés de la transidentité ?
Qu’est-ce que « Devenir enfin moi-même » ?
« Devenir enfin moi-même » est un manga autobiographique de Yuna Hirasawa et édité par Glénat. Sorti le 17 Avril 2024, cette œuvre a attendu 8 ans avant d’arriver en France depuis sa publication au Japon.
Premier manga de la jeune femme, elle en est aujourd’hui à son 3e et évolue petit à petit dans l’industrie Japonaise. Cette œuvre raconte l’expérience de l’autrice durant sa transition de genre autant physique que sociale.
L’humour identifiable de « Devenir enfin moi-même »
L’objectif principal de Yuna consiste à achever l’opération qui changera son sexe biologique en un sexe féminin.
Durant son aventure, elle affrontera pourtant un grand nombre d’épreuves insurmontables. Malgré le fait que certains n’aient pas su gravir ce mur, elle démontre sa résilience dans un monde qui la montre du doigt.
Là où le manga aborde des thèmes sujets à débats, il le fait souvent avec pédagogie. Sous couvert d’humour, de réelles problématiques y sont abordées tel que:
- Le sujet de la transidentité
- Le risque du suicide des personnes transgenres
- Le choc culturel entre le Japon et la Thaïlande
- L’opposition des lois Japonaises sur la transidentité face aux lois européennes
- L’image de la transidentité du point de vue de la société Japonaise
- Les risques liés aux Chirurgies de réattribution sexuelles
La toile de fond sombre de « Devenir enfin moi-même »
En globalité, « Devenir enfin moi-même » présente une atmosphère plutôt légère malgré ses thèmes. La première page est l’une des seules à utiliser directement un aspect sérieux. Pour autant, si l’histoire est racontée de manière humoristique, cela ne signifie pas qu’elle ne traite pas d’un sujet sérieux.
L’histoire débute tout d’abord avec une explication de la Transition de genre. Cette partie parle également de la vision japonaise de ce qu’ils appellent toujours un trouble.
Le manga ne s’attarde pas dessus, mais implique dès sa première page que l’autrice songeait au Suicide. Pour un grand nombre de personnes Transgenres, il s’agit d’une chose commune.
En effet, Yuna mentionne le sentiment de ne pas rentrer dans la norme imposée par la société. En quelque sorte, d’être défectueuse face à la normalité.
Mais plus important encore, cette partie parle du sentiment de ne pas connaître son identité. Une recherche longue et douloureuse de ce que nous représentons et ce qui nous définit.
La réalité du Suicide chez les personnes Transgenres
Selon une étude Danoise publiée par la revue scientifique Journal of the American Medical Association publiée le 27 juin 2023, le risque de suicide y est près de 8 fois plus élevé pour une personne transgenre.
Ces résultats sont d’autant plus alarmants que le Danemark est considéré comme un pays relativement progressiste en matière de droits LGBTQ+.
Dans des pays moins ouverts à la transidentité, la situation pourrait être encore plus préoccupante. Par exemple, une étude du Williams Institute suggère que ce risque serait jusqu’à 10 fois plus élevé aux États-Unis.
La mortalité globale des personnes trans serait en moyenne 2 fois plus élevée qu’une personne cisgenre. La communauté Transgenre est celle qui présente le plus haut taux de suicide de la communauté LGBTQ+ après les Bisexuels.
Plusieurs études démontrent que 40% à 41% des personnes transgenres ont déjà réalisé une tentative de suicide dans leur vie. Parmi eux, 41% seraient des hommes trans et 20% des femmes trans.
Une étude faite sur de jeunes personnes trans a également rapporté que 18,9% auraient réalisé une tentative et que 52,6% auraient eu des idées suicidaires l’année précédente.
Les jeunes personnes trans auraient aussi 3 fois plus de chances d’avoir des idées suicidaires comparées à des jeunes cisgenres et 5 fois plus de faire de la dépression.
Beaucoup de raisons peuvent mener à un passage à l’acte
- L’utilisation à répétition du « Dead Name«
- La dépression causée par la dysphorie de genre
- Les violences dues à la condition de personne Trans
- L’internement en Institut Psychiatrique
- La discrimination à l’emploi
- Le stress minoritaire
- Le harcèlement et le cyberharcèlement
Vous ne vous sentez pas bien ?
Le Choc Culturel dans « Devenir enfin moi-même »
La majorité de l’histoire se passe en Thaïlande bien que certains passages aient lieu au Japon. Ce point permet de parler de la société Thaïlandaise tout en traitant de la Transidentité.
Là où la France et le Japon sont deux pays rigoureux sur la sécurité routière, la Thaïlande semble moins régulée. La Thaïlande serait le 3e pays le plus dangereux en termes de sécurité routière seulement dépassé par des pays sous-développés. En effet, là où la majorité des citoyens ne portent pas de casque en deux roues, il s’agit aussi d’un pays où les habitants voyagent en remorques précaires. Rien qu’entre le 11 et le 15 avril 2024, les routes ont connu 1 564 accidents, provoquant la mort de 206 personnes et blessant 1 593 autres.
L’histoire explique également que les hôpitaux reconnus pour les chirurgies de réassignement sexuelles laissent les infirmières choisir leurs uniformes. Cela peut donc mener les employées de ces institutions à porter des talons hauts ou encore des mini-robes. L’objectif est ici marketing car ce type d’installation permet à l’établissement de se faire de la publicité.
La vision japonaise de la transidentité
Au Japon, la transidentité n’est pas aussi acceptée qu’en France, autant en termes de Justice que de société. Pourtant il s’agit d’un mouvement grandissant même là-bas.
Jusqu’en Octobre 2022, il était nécessaire pour une personne transgenre de passer d’abord par une chirurgie de réassignement sexuelle avant tout changement sur l’état civil.
Heureusement depuis cette date, la stérilisation obligatoire des personnes transgenres est reconnue inconstitutionnelle. Selon certains, il s’agirait même d’une grave violation des droits de l’homme.
Pour autant, la vision conservatrice du Japon reste prévalente. En effet, les personnes trans sont toujours socialement mises à l’écart et considérés comme une nuisance sociale.
L’autorisation récente des femmes trans dans les toilettes, vestiaires et bains publiques destinés aux femmes est un sujet hautement débattu au Japon. Bien que ce soit également le cas en France, le questionnement est relativement nouveau pour le Japon et les réactions se font violentes.
Certaines organisations considèrent cela comme un danger envers les femmes biologiques. Pour autant, les associations luttant pour les droits LGBT+ assurent qu’il s’agit simplement d’une méconnaissance du sujet.
De manière globale, le Japon est toujours en retard concernant les droits des minorités. En effet, l’état Japonais n’est toujours pas favorable au « mariage pour tous », ce qui démontre que le Japon a encore du chemin à faire sur ce point.
Les difficultés de la Chirurgie de Réassignement Sexuelle
Comme précédemment mentionné, il n’est plus nécessaire pour une femme trans de faire une Chirurgie de Réassignement Sexuelle afin d’obtenir un changement d’état civil.
Cependant, au moment où Yuna a réalisé son opération, la loi imposait toujours cette opération. Seulement après sera-t-elle en mesure de faire une demande au tribunal pour changement d’état civil.
Si avoir la possibilité de se faire opérer prend déjà du temps en soi, cette partie administrative n’est rien comparée à la suite.
L’opération
Lorsque la personne est opérée, elle est normalement complètement endormie. De cette manière, l’opération peut-être effectuée tout en s’assurant que la personne ne mourra pas de douleur.
Comme Yuna a subi une opération utilisant une partie de son intestin, ses sucs gastriques devaient être extraits par un tube traversant son nez.
Bien sûr, la douleur suite à l’opération est atroce et c’est pourquoi Yuna avait pendant un temps droit à un service « sans douleur ». Ce qui consistait en un bouton permettant une auto-injection de morphine afin de réduire la douleur.
La douleur fantôme
Suivant l’opération, Yuna devait se rouler sur le ventre afin d’évacuer ses gaz ce qui était mission quasi impossible avec les tubes attachés à son corps.
Une fois cela fait, ses points de suture lui furent retirés. C’est à partir de ce moment-là qu’elle ressentit la douleur du membre fantôme.
Il s’agit d’un syndrome faisant ressentir la douleur d’un membre perdu alors qu’il n’est plus présent.
La dilatation
Il est important de noter que cette opération comporte des risques. Particulièrement pour les personnes atteintes d’obésité, de diabète ou d’autres problèmes de circulation sanguine. Ces éléments peuvent causer des complications postopératoires.
Suite à l’opération, il est nécessaire de réaliser la « Dilatation ». Il s’agit d’une action consistant en l’insertion d’un bâton dans le vagin artificiel. Il existe également une méthode utilisant un « extenseur vaginal ».
De cette manière, le résultat de l’opération n’est pas annulé par l’organisme traitant le néovagin comme une blessure. Bien évidemment, cette action est assez douloureuse car il s’agit techniquement d’une plaie ouverte.
L’effet psychologique d’une CRS
Une CRS a un effet très fort sur l’état mental d’une personne. Si la personne est déjà dépressive à l’origine, alors les effets ressentis par la négativité de cette phase sont d’autant plus grands.
Cependant, bien que Yuna n’ait pas eu le choix, il a été étudié que pour les personnes passant de leur plein gré par cette opération, leur état psychologique est grandement amélioré par la suite.
De même, il a été prouvé que les personnes trans ayant une famille capable de les soutenir dans leurs démarches en tirent des bénéfices pour leur santé mentale. Par chance, bien que Yuna n’ait pas eu le choix concernant l’opération, elle a su bénéficier d’une famille encourageante.
Heureusement, malgré toutes ses péripéties, l’histoire de Yuna a connu une conclusion heureuse où elle est désormais la personne qu’elle devait être et entourée d’une famille qui l’aime.
L’avis de la rédactrice
Dans l’ensemble « Devenir enfin moi-même » est une histoire touchante. L’autrice utilise à merveille son humour à des fins pédagogiques.
Également, il s’agit d’une histoire qui peut intéresser à la fois des personnes trans et cisgenres. Une personne trans y trouvera de précieux conseils et une personne Cisgenre des informations intéressantes.
L’autrice a fait du bon travail sur le plan informatif! Bien que le Japon ait une vision différente de la transidentité, il s’agit toujours d’une vision intéressante.
Étant moi-même une personne trans, j’ai été particulièrement touchée par cette histoire. Yuna est une personne très identifiable ce qui rend l’histoire impactante.
Je vous recommande cette histoire si vous êtes prêts à en apprendre plus sur la transidentité tout en vous amusant. N’hésitez pas un instant à vous procurer cette œuvre si le cœur vous en dit !
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