Mo Dao Zu Shi ou Le Grand Maître de la Cultivation Démoniaque en français est une saga écrite par Mo Xiang Tong Xiu. Ce webroman, publié en 2016, connait un succès tel qu’il sera par la suite adapté en animé, en manhua puis en drama.
Le récit retrace comment Wei Wuxian sombre dans la voie démoniaque de la cultivation pour protéger les siens. Mais ce chemin ne fera qu’attiser la haine et la peur qu’il inspirait déjà. Des années après sa mort, il réapparaît et semble lié à une série de meurtres. De cette manière, il va recroiser le chemin de Lan Wangji, un de ses anciens camarades de cultivation, son total opposé. Ensemble, ils vont découvrir la vérité et faire face au passé.
Mo Dao Zu Shi est une histoire épique qui mêle l’émotion et la tragédie aux batailles et aux stratégies guerrières. L’enquête permet de se plonger dans le passé et le présent à travers les révélations et les mystères. La guerre fait rage entre l’orgueil et l’humilité, la trahison et la loyauté, les illusions ainsi que la vérité. Dans le monde de la cultivation, deux pratiques s’affrontent : la vertueuse et la démoniaque.
Synopsis
Wei Wuxian était autrefois l’un des hommes les plus puissants de sa génération, un jeune cultivateur talentueux et intelligent qui, de par ses prodigieuses capacités, maîtrisait aussi bien les arts martiaux que la spiritualité. Mais, lorsque les horreurs de la guerre le poussèrent à se mettre en quête d’un pouvoir plus grand encore en suivant la voie hérétique, le respect du monde à l’égard de ses facultés se transforma en peur, et sa mort fut célébrée à travers tout le pays.
Des années plus tard, il se réveille dans le corps d’un jeune homme victime d’une grave injustice qui, en dernier recours, a sacrifié son âme afin que Wei Wuxian le venge. Malgré cette seconde chance, il n’est pas pour autant libéré de sa vie antérieure, pas plus qu’il ne l’est des mystères qui se présentent à lui.
Mais, cette fois, il fera face à l’adversité aux côtés du vertueux et estimé Lan Wangji, un autre puissant cultivateur dont le dévouement inébranlable et les souvenirs de leur passé commun aideront à faire la lumière sur les sombres vérités qui les entourent.
Synopsis du tome 1 – Éditions Bookmark
L’univers de Mo Dao Zu Shi
L’univers de Mo Dao Zu Shi est assez complexe et vaste. Il regroupe les genres Xianxia, Wanxia et Danmei.
Tout d’abord, le xianxia désigne l’ensemble des œuvres chinoises qui illustrent des mondes de fantasy qui s’inspirent du taoïsme, du bouddhisme et de la mythologie chinoise. Les personnages pratiquent la cultivation (auto-perfectionnement spirituel et martial) pour atteindre l’immortalité ou des pouvoirs surnaturels. Dans Mo Dao Zu Shi, la force d’un individu repose principalement sur la maîtrise du qi, une forme d’énergie vitale. Ce qi est utilisé comme une source d’énergie et permet aux pratiquants de se battre, notamment contre des monstres et des cadavres ambulants, souvent nés de l’esprit vengeur des morts.
Pour le genre wanxia, il est question d’histoires de nobles héros qui combattent le mal. C’est un genre ancien où le personnage est souvent un renégat ou un moine vivant en marge de la société et pratiquant les arts martiaux. Il est alors question de leurs codes moraux et de leurs préoccupations humaines, comme les conflits politiques et le sens de la justice.
Quant au danmei, c’est un genre littéraire chinois qui met en scène des histoires d’amour entre hommes, explorant des univers variés tels que la fantasy, le contemporain ou la science-fiction. Cependant, les œuvres originales sont souvent censurées en raison de la législation chinoise.
« Réjouissez-vous ! Wei Wuxian est mort ! »
Le Grand Maître de la Cultivation Démoniaque, tome 1 – Chapitre 1 « La Réincarnation »
L’histoire
L’histoire débute par un mystère autour d’un bras provenant d’un cadavre devenu démoniaque. Wei Wuxian, réincarné, cache toujours son identité et se retrouve à faire équipe avec Lan Wangji. En quête de vérité, ils vont se retrouver au cœur d’intrigues qui secouent les clans depuis des générations.
Les conflits s’articulent autour de plusieurs arcs temporels. L’histoire suit les héros sur une vingtaine d’années : depuis leur formation à l’âge de quinze ans, en passant par les affrontements contre le clan Wen jusqu’à l’apparition de la cultivation démoniaque initiée par Wei Wuxian. Celui-ci meurt au début de sa vingtaine, avant de revenir à la vie treize ans plus tard, ce qui mènera à la révélation progressive de nombreux secrets.
En effet, Wei Wuxian a été accusé de tous les maux et de toutes les traîtrises. En revenant auprès des vivants, lui et Lan Wangji vont enfin savoir ce qui s’est réellement passé lors des événements tragiques qui se sont déroulés treize ans auparavant.
Les trahisons éclatent, les manigances se révèlent, et les quêtes de pouvoir aussi. Le passé, longtemps enfoui sous le poids du silence et des non-dits, surgira peu à peu. Il dévoilera les vérités que certains auraient préféré taire, et lèvera le voile sur les véritables causes des tensions et des conflits, des douleurs jamais apaisées et des véritables visages dissimulés derrière les masques.
Les clans
Les personnages sont répartis entre différents clans. Ce sont des organisations qui réunissent en elles des cultivateurs ou des membres qui y sont formés. Ils suivent les mêmes conduites et les mêmes valeurs. Chaque clan possède une hiérarchie propre qui va du chef de clan et des aînés aux disciples, dirigée par la famille fondatrice.
Ils se distinguent par leurs emblèmes, leurs couleurs, leurs techniques de combat et leurs armes ou instruments de cultivation.
Le clan Lan
Le clan Lan est le clan le plus discipliné et strict, reconnu pour son érudition, sa sagesse et sa discipline. Leur style de vie est extrême, rigide et rigoureux. L’ensemble des membres doit être à la recherche constante de la droiture, de l’harmonie et d’une profonde éthique. Ils se contraignent à suivre les trois mille préceptes du clan. Ainsi, ils s’interdisent de boire de l’alcool ou encore de mentir.
Lan Xichen, le frère aîné de Lan Wangji, est à la tête du clan. Celui-ci est établi au Cloud Recesses, le Repaire des Nuages en français, sur une des montagnes isolées près de la ville de Gusu.
C’est chez le clan Lan que les différents disciples des clans sont conviés pour compléter leur apprentissage. Comme le fera Wei Wuxian durant son adolescence.
~ Soyez Juste ~ est leur devise
Le clan Jiang
Le clan Jiang est un clan paisible qui se situe sur le Quai des Lotus près de la ville de Yunmeng. Jiang Fengmian le dirige. Ce dernier est le père de Jiang Cheng et le père adoptif de Wei Wuxian.
Ce clan incarne la liberté d’esprit, le courage et la fidélité. Ils privilégient les liens et les relations, plutôt qu’une autorité absolue.
~ Tenter l’impossible ~ est leur devise
Les autres clans
Quant aux clans Jie, Nie et Wen, ils sont tout aussi présents dans la saga, mais restent assez en retrait. Ils sont aussi bien les alliés et amis que les opposants. Ce sera le cas du clan Wen lors de la première guerre. Le récit retracera alors l’ensemble des clans et leur histoire, pour parvenir à découvrir qui est réellement l’antagoniste.
Bien que la plupart des membres fassent partie d’un clan (qu’il soit important ou plus modeste), certains cultivateurs restent des personnes indépendantes de ces familles, mais en marge des grands pouvoirs et des décisions qui régissent cette société.
Les personnages principaux
Les romans
Présentation
Mo Xiang Tong Zu est l’autrice de Mo Dao Zu Shi, intitulé en français Le Grand Maître de la Cultivation Démoniaque, publié depuis 2023 chez les Éditions Bookmark. Elle a aussi écrit deux autres danmei très populaires : Heaven Official’s Blessing et The Scum Villain’s Self-Saving System.
Dans un premier temps, cette saga, tout comme les deux autres, a été publiée en ligne. Les romans ont rencontré le succès, ont été publiés en Chine, puis traduits à de nombreuses reprises. La saga se termine en cinq livres, dont le dernier qui comprend des bonus.
La version française ne comprend pas les censures appliquées à l’édition chinoise.
Le donghua
Mo Dao Zu Shi a été adapté en donghua, c’est-à-dire en animé chinois, disponible sur Crunchyroll sous le nom The Master of Diabolism ou Grandmaster of Demonic Cultivation. Présenté en trois saisons, il retrace les aventures de Wei Wuxian et de Lan Wangji, dans une narration similaire au danmei qui mêle flash-backs et présent.
Cette adaptation parvient à restituer l’ensemble de l’intrigue et l’ambiance sombre et tragique du récit, tout en conservant les touches d’humour et de tendresse. De plus, les différents designs correspondent bien à l’univers. L’animation est très soignée et les scènes de combats sont fluides.
Néanmoins, il y a quelques différences concernant la relation entre les deux protagonistes. En effet, la romance demeure suggérée, s’exprimant à travers de petits indices, en raison de la censure. Malgré cela, le lien qui les unit reste des plus palpable et l’intensité de leurs émotions transparaît à l’écran.
La série
The Untamed est la série adaptée du roman de Mo Xiang Tong Xiu. Diffusée durant l’été de 2019, elle devient rapidement très appréciée par les fans. Elle est disponible sur Viki et Netflix.
The Untamed parvient à séduire les fans malgré ses cinquante épisodes. Les acteurs jouent un rôle clé dans cette réussite. Même si la censure efface la relation entre les deux protagonistes, leur interprétation souligne chaque nuance.
Leur jeu permet de lever toute ambiguïté, de même que les indices parsemés tout du long.
Les points forts et faibles
Étant une adaptation en live action, le drama présente forcément quelques défauts : une certaine longueur, le remaniement de certains détails, des effets spéciaux limités dans les scènes de combat et des décors parfois moins convaincants. Cependant, plus les épisodes avancent, plus le jeu des acteurs gagne en qualité.
Cela permet de mieux saisir les sous-entendus et les véritables sentiments des personnages. Wang Yibo, qui joue Lan Wangji, parvient notamment à exprimer beaucoup d’émotions à travers de simples mimiques, malgré le caractère très réservé de son personnage.
L’un des plus grands points forts de la série est sa bande originale. Composée par Lin Hai, elle est parfois interprétée par les acteurs eux-mêmes. La chanson « Wu Ji », par exemple, occupe une place centrale. Dans le roman, c’est Lan Wangji qui compose ce morceau à l’intention de Wei Wuxian et nommé « Wangxian » (qui fait référence au nom de leur couple).
Dans The Untamed, plusieurs versions de cette musique sont proposées : certaines sont chantées par les acteurs principaux, d’autres sont instrumentales, jouées au guqin et à la flûte (les instruments de cultivation des deux personnages). Les musiques symbolisent leur histoire d’amour, là où la série, contrainte par les restrictions, ne peut l’exprimer directement. Bien plus que de simples partenaires de cultivation, ils sont en réalité deux âmes sœurs.
The Untamed parvient à rester fidèle à l’esprit du roman Mo Dao Zu Shi, malgré les limites imposées. Le titre propose une bonne adaptation, qui réussit à transmettre les sensations originales tout en ouvrant cet univers à un plus large public.
Les autres adaptations de Mo Dao Zu Shi
La licence est un phénomène dans le monde des danmei et des œuvres chinoises. Elle a donné lieu à une multitude d’adaptations.
Depuis 2024, les éditions Komogi publient le manhwa Le Grand Maître de la Cultivation Démoniaque. Cette version respecte le titre original chinois, le tout sans censure.
The Founder of Diabolism Q (ou Mo Dao Zu Shi Q) est une version chibi. Elle est souvent proposée comme saison bonus de l’animation principale.
Chaque mini-épisode reprend des scènes cultes de la saga et les détourne sous forme humoristique. Il n’est alors plus question de situations dramatiques, mais seulement de moments comiques et légers.
Puis, il y a aussi un audio drama. Une version livre audio des romans, mais jouée par des acteurs différents. Très fidèle à la version originale et édité en trois saisons, il permet de suivre cette histoire avec des interprétations très réussies et très appréciées des fans.
L’immersion est complète avec l’ajout de sons d’ambiance traditionnels chinois et de musiques exclusives. Cette version est disponible en mandarin et en japonais !
La licence se retrouve enfin en jeu vidéo pour smartphone, en manga, mais aussi en une adaptation théâtrale, présentée au Japon en mars et avril 2025.
Mon avis
Mo Dao Zu Shi a un univers dense. S’il s’agit d’un danmei, l’intrigue va bien au-delà : guerres, complots, jeux de pouvoir…
L’histoire peut sembler confuse : elle mêle des flash-backs et une intrigue qui se déroule sur trois générations, avec de nombreux personnages et des codes sociaux précis. Le contexte, inspiré de la Chine traditionnelle, suit ses propres règles (hiérarchie des clans, titres, appellations des personnages..).
Cela peut déstabiliser au premier abord. Mais cette richesse vaut qu’on s’y plonge : on y découvre une intrigue finement tissée et pleine de nuances.
Le mal pour vaincre le mal
Toute la force de la saga réside dans sa critique d’une société inégalitaire, fondée sur la domination et la soif de pouvoir. Face à cela, certains tentent d’agir avec justice, quitte à sortir du cadre établi.
On y questionne les choix moraux, et ce qu’implique vraiment de suivre la bonne voie. Wei Wuxian, en s’engageant dans une cultivation dite hérétique, soulève une vraie question : peut-on enfreindre les règles pour défendre ce qui est juste, quand ceux qui les respectent se rendent pourtant coupables d’abus, sans en être inquiétés ?
Les limites des adaptations
Cependant, qui dit adaptation, dit forcément changements. Entre censures et réécritures, la relation entre les deux protagonistes est souvent atténuée, voire effacée. La dévotion de Lan Wangji devient parfois une simple amitié forte, perdant en intensité et en cohérence. Dans le drama ou l’animation, leur lien est suggéré à travers des codes culturels chinois peu accessibles pour les non-initiés : les tenues de mariage rouges, les trois références envers les défunts (réservées aux couples mariés), la symbolique des lapins… On parle aussi de « partenaires de cultivation » , une expression qui sous-entend un couple pratiquant la cultivation ensemble.
Les adaptations modifient aussi certains éléments du scénario. D’après le roman, Wei Wuxian revient à la vie dans le corps de Mo Xuanyu, frêle et moins apte à la cultivation. Or, dans le drama, il retrouve son propre corps, censé pourtant avoir été détruit, et porte un masque pour cacher son identité. Dans d’autres versions, le changement est plus subtil : quelques différences physiques, une autre coiffure, un autre style vestimentaire…
Ainsi, chaque version propose sa propre lecture, à chacun de choisir celle qui lui parlera le plus.
Pour conclure
Mo Dao Zu Shi est l’une de mes sagas préférées, de par son sens profond et sa complexité, elle interroge sur des questions humaines très profondes telles que le bien, le mal, l’équité, la justice, le pouvoir, ou encore l’ego humain. Il faut se laisser happer par cet univers pour découvrir au mieux le sens profond du récit de Mo Xiang Tong Xiu.
La bannière et les fanarts ont été réalisés par l’artiste Oten !
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