Présentation
Titre original : 屍牙姫
Tome : 1 à 5
Scénariste : Hirohisa Satô
Dessinateur : Hirohisa Satô
Traducteur : Aline Kukor
Éditeur VF : Mangetsu
Collection : Seinen
Genre : fantastique sombre, horreur, drame psychologique, sexualité
Une narration épurée pour une horreur à vif
Depuis le premier tome de Shigahime, le jeune lycéen Osamu est devenu le familier de Miwako, une créature de la nuit qui utilise des serviteurs humains pour se procurer le sang de leur cœur. Elle lui avait promis de sauver la jeune Chika en échange de son dévouement absolu. Mais cette promesse n’était qu’un mensonge.
Transformé à son tour en créature de la nuit, Osamu se réveille dans le manoir, un sac sur la tête, et son bras métamorphosé en une immense faux d’os. Ce qu’il a vécu n’était pas un cauchemar : il est devenu un monstre. Pris de panique et désespéré face à cette nouvelle existence, il songe au suicide, incapable d’envisager l’avenir.
Pourtant, Osamu possède de nombreux pouvoirs et nourrit un espoir : celui de se libérer de son statut en buvant du sang de vampire. Il décide donc de tuer sa maîtresse. Cependant, il découvre qu’il n’est pas son seul familier, et que les autres ne partagent pas ses scrupules moraux.
Parmi cette galerie de personnages déjantés, une nouvelle venue ne passe pas inaperçue. Vêtue comme une sage lycéenne, mais d’une nature très perverse, celle-ci tente de tuer Miwako et son serviteur, car ils ont tué un familier. Son but est de réparer une erreur commise dans le protocole.
On découvre vite qu’il n’y a aucune solidarité entre les vampires. Il y a même une différence sociale entre les quatre vampires originels, comme Miwako, et les métisses plus récents. Ces vampires, appelés la lignée de sang, se chassent mutuellement pour protéger leur territoire, mais ils ne peuvent pas s’entre-tuer. Seuls les familiers peuvent le faire.
Dans le deuxième tome, l’histoire devient plus complexe : une maîtresse nommée Chiaki refuse de manger parce qu’elle veut mourir. Miwako n’est pas complètement mauvaise, mais elle est très liée à son esclave, dans une relation où ils dépendent l’un de l’autre. À moins qu’elle ne la manipule encore ?
Entre sexualité et mortalité
Shigahime est une série sombre et dérangeante. L’avertissement « pour un public averti » est clairement justifié dès la première scène violente. La couverture, très réussie, est aussi inquiétante : pour le tome 2, on y voit Miwako vue du dessus, en robe de mariée tachée de sang, en train de s’essuyer le visage.
Satô Hirohisa parvient à créer une ambiance très gore, même en noir et blanc. À un moment, une vampire est même littéralement dévorée par sa propre faim.
Si Shigahime peut paraître féministe, car les quatre originels sont uniquement des femmes, la série est surtout une parabole du sexe qui mélange l’érotisme et la mort. Comme une dominatrice SM, Miwako enseigne le plaisir du corps et de la domination à Osamu, mais en mangeant un cœur encore chaud. Certaines scènes sont assez explicites, comme le partage des restes d’un organe.
Cependant, les émotions d’Osamu ne sont pas toutes négatives. Il est amoureux et prêt à tout pour protéger Chika. Pourtant, depuis qu’il vit des évènements plus intenses avec Miwako, sa relation avec Chika semble moins forte.
Miwako en profite et le manipule. De plus, Osamu ne peut pas tout dire à Chika, ce qui crée une distance entre eux. Pour la première fois depuis le début de l’histoire, Chika sent que quelque chose ne va pas et commence à découvrir peu à peu le monde caché d’Osamu.
Parlons un peu du style de l’œuvre
Le style de l’auteur nous fait ressentir un sentiment d’enfermement et de mal-être tout au long du récit, y compris dans les descriptions des paysages.
La petite ville ressemble à une prison à ciel ouvert, voire à un terrain de chasse pour ceux qui la connaissent. L’atmosphère est pesante à chaque instant. On comprend vite que personne ne sera épargné dans ces cinq tomes.
Chaque personnage devra faire face à un destin difficile. Le malheur et la tristesse, causés par la dureté de la réalité, les rassemblent au cours de l’histoire.
À travers les couvertures, sauf du quatrième volume, on voit une représentation de plus en plus humanisée de Miwako. La première la montre comme la créature sanguinaire qu’elle est, tandis que la dernière présente une femme brisée, avec une fragilité très humaine.
Ces illustrations reflètent une évolution de l’ambiance dans la série. Les couvertures montrent ce changement de façon symbolique et visuelle.
À qui konseiller ?
Si vous aimez les histoires sombres, violentes et pleines de mystère, Shigahime est un manga à découvrir.
Il reste pour un public averti, car cela reste très gore avec beaucoup de nudités.
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