Terorisuto : de la révolution au terrorisme

Fiche technique

Titre : Terorisuto

Scénariste : Frederic-maffre

Dessinateur : François Ruiz

Coloriste : Kathrine Avraam

Thème : histoire

Edition : Glenat

Collection : Karma

La mondialisation des terrorismes. À la fin des années 60, la jeunesse étudiante du monde entier est descendue dans la rue, révoltée par une société injuste et rétrograde. Le Japon ne fait pas exception et se voit paralysé pendant des mois par de très jeunes gens habités par l’idée d’une Révolution marxiste.

Mis en échec par un gouvernement inflexible, les plus radicaux se lancent alors dans une vague d’attentats meurtriers, portés par une spirale fanatique qui les emportera presque tous. Presque, car ce n’est pas au Japon que leurs actions marqueront le plus les esprits mais au Moyen-Orient, au soutien de la cause palestinienne. Et le plus meurtrier d’entre eux sera le fait d’un jeune homme sans éclat, sans vision, sans destin. Son nom : Kozo Okamoto.

Le scénariste Frédéric Maffre livre ici un récit historique étonnant, intrigant et précis, retraçant le parcours de l’Armée rouge japonaise, équivalent des Brigades rouges italiennes ou d’Action directe en France. Surtout, il nous raconte comment cet acteur du terrorisme international de 1971 au début des années 2000 a introduit dans la lutte idéologique, la pratique de l’attentat-suicide. Le trait nerveux de François Ruiz nous plonge au cœur de l’action de ce maelstrom meurtrier.
Glenat

On commence révolutionnaire !

C’est au cours d’une interview que Kozo Okamoto, membre de l’armée rouge japonaise, va nous donner sa version de cette « révolution » qui a eu lieu fin des années 60 et début des années 70 au Japon. Le pays a toujours du mal à se remettre économiquement après la deuxième guerre mondiale. Des dirigeants qui s’enrichissent malgré une population qui souffre et s’appauvrit de plus en plus…

Afin de faire bouger les choses, beaucoup de groupes d’extrême gauche décident de se rendre dans la rue à l’image de la France lors des événements de Mai 1968.

Dans Terorisuto, on voit que les étudiants sont les principaux acteurs de cette révolte. Ils prennent les universités d’assaut pendant de long mois au prix de longues luttes avec la police qui n’hésite pas à « cogner » les manifestants.

Cette révolution devant un état policier se fera dans la violence et sera finalement maitrisée par l’état. La lutte finira par s’essouffler car la moindre raison servira de justificatif pour enfermer les principaux dirigeants.

On devient fanatique ?

Très vite, le mouvement a pris beaucoup d’ampleur, mais certains groupes radicaux sont devenus plus extrêmes dans leurs actes. En effet, certains ne vont pas hésiter à s’armer, voler pour récupérer des fonds et cibler la police qui est la représentante de l’état.

Cependant, l’incompétence des dirigeants de certains groupes révolutionnaires les a conduits à des excès. Avec le durcissement des règles internes aux groupuscules, cela a laissé place à un certain fanatisme, causant la mort de nombreux partisans, mis à l’épreuve pour montrer leur investissement à la cause.

Finalement, ce changement d’attitude va faire que les membres d’extrême gauche et les sympathisants révolutionnaire vont petit à petit se désengager et la bataille d’opinion auprès de la population sera perdue.

Le seul moyen pour ces fanatiques d’exister sera de commettre des actes internationaux plus extrêmes pour faire parler d’eux.

On finit terroriste !

Ayant échoué à faire changer les choses lors de leur révolte au Japon, les plus radicaux à l’image de Kozo Okamoto vont partir au Moyen Orient.

Ce fanatisme, poussé à l’extrême va les conduire à devenir des terroristes. De nombreux attentats au cours des années 70 leur seront imputés (détournement d’avion, prise d’otages).

Le principal fait d’armes de Kozo Okamoto est le jour où il fait un carnage dans un aéroport de Tel Aviv en tuant de nombreuses personnes. Il a agi comme le font certains terroristes de nos jours, espérant mourir en martyrs.

Finalement, voilà comment on passe d’un désir de changement politique pour un avenir plus radieux, au terroriste au Moyen-Orient. Une vie gâchée et beaucoup d’autres sacrifiées pour des idéaux bien loin de ceux d’origine !!!

Ce que j’en pense

Terorisuto est une bd rigide ave une magnifique couverture qui a demandé beaucoup de travail au dessinateur. Les dessins sont bien et la colorisation s’harmonise parfaitement avec l’ambiance des scènes. J’apprécie tout particulièrement les pages bonus à la fin.

Le scénario est tiré d’une histoire vraie et est parfaitement amené. L’idée de faire l’interview de Kozo Okamoto, un japonais lié de très près à tous ces attentats, est une excellente approche.

Je n ‘étais pas informé de ce pan de l’histoire japonais mêlant actes terroristes et politique au bord du chaos. J’ai trouvé cette lecture particulièrement immersive et touchante à la vue du chemin que vont prendre plusieurs personnages.

Bien que Terorisuto aborde un sujet sensible et qui est malheureusement , toujours d’actualité, j’ai pris un grand plaisir à lire cette œuvre. Je suis certain que vous vous laisserez happer par ce récit. Je recommande cette bd sans la moindre hésitation.