Smile : sourire face à l’horreur

Smile : sourire face à l’horreur

Smile est un manga d’Hattori Mitei, débuté en 2021 au Japon. Il vient de débarquer en France grâce à Mangetsu, branche spécialisée en manga des éditions Bragelonne. La sortie du tome 2 étant imminente (2 Janvier 2025), penchons-nous sur cette œuvre atypique et prometteuse.

Ris, tout le monde rira avec toi

Yûshi travaille pour un journal sensationnaliste. Il est blasé et cynique depuis un drame l’ayant frappé deux ans plus tôt ; drame dans lequel sa petite fille a perdu la vie et sa femme, Megumi, a disparu. Il se laisse aller, survivant plutôt que vivant, jusqu’à ce qu’un jour deux femmes viennent frapper à sa porte.

Ce sont deux pratiquantes d’un culte, L’Église du sourire éternel, qui propose d’accéder au bonheur par le sourire et le rire. Bien que Yûshi les repousse violemment, elles lui laissent une brochure avant de partir.

Son cœur s’arrête net lorsqu’en posant ses yeux sur la brochure, il reconnaît Megumi. Yûshi, alors, décide d’intégrer le culte pour enquêter et espérer retrouver sa femme. Malheureusement pour lui, L’Église du sourire éternelle se révèle être une secte extrêmement dangereuse et le sang commence à couler…

Banger en puissance

Pour sa première œuvre, on peut dire qu’Hattori Mitei frappe très, très fort. Nous avons là un manga qui peut sans soucis se hisser au niveau des meilleures œuvres horrifiques venant du Japon.

Smile est un thriller de haute volée incroyablement prenant qui, outre un découpage et un dessin efficaces, propose une histoire particulièrement terrifiante et une ambiance réellement anxiogène.

L’intelligence du manga repose dans sa narration, qui prend vraiment le temps de poser un climat d’angoisse sur un sujet pourtant fort délicat (les sectes et le fanatisme religieux) sans pour autant négliger la partie enquête.

L’œuvre évite aussi avec brio la surenchère gore, et bien que certaines scènes soient assez graphiques, la violence sert toujours le récit et n’est jamais gratuite.

L’histoire nous cueille dès les premières pages et nous pousse à suivre les aventures d’un personnage de prime abord antipathique dans sa quête de vérité. La fin du tome nous laisse frustrés, impatients de découvrir la suite.

Derrière les façades…

Comme je le disais, la grande force de cette œuvre est son ambiance. La secte de L’Église du sourire éternel est non seulement effrayante, mais elle est surtout crédible. On ressent que derrière les questions que se pose Yûshi, se dessine quelque chose de bien plus vaste et bien plus terrible.

Les membres de ladite secte, derrière leur sourire constant et faux, peuvent glacer le sang au détour d’un dialogue en apparence innocent. Leurs paroles, bien qu’aimables, dissimulent à peine une menace sous-jacente.


On ressent assez vite leur omniprésence, partout, tout le temps et pourtant paradoxalement leur discrétion. On s’interroge sur leur but véritable, et sur leur étrange rituel (globalement hormis les dons d’argent, L’Église ne demande quasiment à ces adeptes que de sourire). La menace est à la fois nébuleuse et pourtant affreusement tangible.

Tout bascule et s’intensifie avec la découverte de cadavres, assassinés avec une rare brutalité.

D’inquiétante, la secte devient une menace réellement dangereuse et nous fait ressentir immédiatement de l’empathie et de la peur pour notre protagoniste, qui se retrouve seul face à une organisation tentaculaire et omnipotente.

En conclusion

Comme vous l’avez sûrement deviné, j’ai adoré ce premier tome et j’attends avec une grande impatience la suite. Si la série continue sur cette excellence, nous tenons là l’un des meilleurs mangas horrifiques de ces dernières années.

Je ne peux cependant pas le recommander à tout le monde, l’œuvre demeurant vraiment très, très sombre et brassant mine de rien des thèmes pouvant rendre mal à l’aise. Néanmoins, si vous aimez les (excellents) thriller, et que vous avez l’estomac bien accroché, je ne peux que vous conseiller Smile, qui se révèle être un vrai coup de cœur, et j’espère sincèrement qu’il aura la reconnaissance qu’il mérite.

Si vous aimez l’horreur psychologique, pourquoi ne vous laisseriez-vous pas tenter par Angels of death ?