
Fiche technique

- Titre : la déchéance d’un homme
- Scénario : Dazai Osamu
- Dessin : Junji Itô
- Type : seinen
- Genre : drame, social
- Maison d’édition : Mangetsu
- Age conseillé : 14 ans et +
Yôzô Ôba souffre énormément du regard que les autres portent sur lui et ne comprend pas le bonheur de son entourage. La solution qu’il finit par trouver pour s’en guérir : se transformer en bouffon. C’est ainsi que s’écoulent ses jours, à se vouer à ce rôle de clown empli de souffrance.
Mangetsu

Intégration et affirmation de soi
Depuis tout jeune, Yôzo Obo est mal à l’aise en public et pour parer à cela, il fait le clown pour permettre d’exister auprès des autres.
Cependant, sa nature profonde est aux antipodes de cette espièglerie qu’on lui prête. En effet, sa crainte des autres ne diminue pas et le fait d’être en présence de personnes continue de lui déplaire au point de lui provoquer de violents spasmes musculaires.
Cette pression sociale accumulée à un mal-être permanent, l’empêchera de s’attacher et de s’engager sur la durée avec des personnes qu’il rencontrera pendant sa descente aux enfers.
A cause de son manque d’affirmation de soi et pour ne pas contrarier les autres, il sera le responsable indirect d’une accumulation de cadavres qui joncheront le sol tout au long de sa vie.


L’addiction comme bouée de sauvetage

Pour tromper sa crainte des autres, il commence à fumer et boire en cherchant des compagnons de plaisir même s’il n’a aucune considération pour eux. Cela lui permet d’oublier son quotidien, d’être plus à l’aise socialement.
Cependant, que ce soit avec la consommation d’alcool, de tabac ou bien de médicaments , il va systématiquement dans l’excès. Toutes ces addictions sont dues à la faible considération qu’il se porte et à un manque flagrant d’assurance. Tout ça pour fuir une réalité qu’il honnit au plus profond de lui-même.
À travers ses dépendances, il cherche une paix intérieure et un paradis artificiel. Seulement chaque réveil sans substances devient de plus en plus dur au point de tenter de ne plus vouloir se réveiller à de multiples reprises.
Finalement, les seules choses de la vie pour lesquelles il est prêt à tout sacrifier, ce sont ses vices du quotidien. Même si ça peut paraître paradoxal, car ces derniers le tuent à petit feu, ce sont eux qui le maintiennent en vie, car il n’y a que pour l’alcool, le tabac et la morphine qu’il est capable de battre.

L’amour et les femmes
Tout au long de sa vie, les femmes seront nombreuses à succomber au charme de Yôzo. C’est un bel homme qui, à travers des rencontres trouvera parfois une trêve temporaire dans ces addictions et son auto-destruction.
Il essaiera même de tenter de construire des relations saines. Finalement, ce qu’il cherche, c’est d’être rassuré de façon affective sur le court terme. Il a peur de la solitude mais tout aussi peur de l’attachement et de l’engagement. Le simple fait que sa compagne puisse émettre ces souhaits a tendance à le faire fuir.
On remarque aussi que les femmes le sortent souvent de situations pénibles à vivre. Malheureusement, il se sert souvent d’elles afin d’avoir de l’argent pour alimenter ses addictions ou bien de se faire entretenir.
Que ce soit lui qui fuit toute idée de bonheur, ou qu’il soit parfois trahi par ses conquêtes, toutes ses relations n’arriveront jamais à le maintenir à flot. Finalement au cours de son existence, les femmes et l’amour le verront sombrer toujours plus bas dans ses travers, à l’image même de quelqu’un qui creuse sa propre tombe.


Le désespoir et la mort

Dans « La déchéance de l’homme », ce qui peut marquer le lecteur, c’est la propagation du sentiment de désespoir et d’autodestruction lorsque Yôzo entame une relation ou amicale ou amoureuse avec une personne.
Bien qu’il pense à la mort et au suicide tout au long de son parcours, la « faucheuse » ne veut pas de lui, préférant les personnes de son entourage. Un sentiment de folie s’empare très souvent des gens à son contact même si rien ne laissait le présager.
C’est comme si, en quelque sorte on le maintenait dans sa solitude en lui enlevant sa famille, ses proches, ses maîtresses et ça, toujours de manière violente.
Le suicide est un thème présent tout au long du livre. Yôzo tentera à plusieurs reprises de mettre fin à ses jours, que ce soit seul ou accompagné… Jamais, il n’ira jusqu’au bout. Est ce par lâcheté ou bien à l’image de la dernière page du livre , il est devenu une sorte de mort-vivant depuis bien longtemps.

Ce que j’en pense

Junji ito a mis en images la déchéance d’un homme qui est un roman datant du début du 20ème siècle, écrit par Osamu Dazai.
Pour cette intégrale de « La déchéance de l’homme », on ne se moque pas de nous ! Le manga est assez épais comportant de nombreux détails sur sa couverture. En ce qui concerne les dessins, ils sont d’une excellente qualité et bien fournis en détails.
Même si nous ne pouvons pas lui attribuer les mérites du scénario, nous pouvons tout de même féliciter Junji Ito pour l’adaptation qu’il a pu faire. Les thèmes abordés sont parfois lourds tels que la pédophilie, l’inceste, le suicide… Mais bien que tout soit illustré, on ne rentre pas dans du voyeurisme ou du sensationnalisme.
La déchéance et l’autodestruction qui sont des piliers de ce livre sont très bien représentées. Les personnages sont dessinés de façon réaliste, on ne rentre pas dans des dessins d’horreurs extravagants. Tout est dit lorsqu’on voit la métamorphose physique et psychologique de Yôzo Obo au cours de son évolution.
J’ai pris un plaisir coupable à lire ce livre, et voir ce personnage sombrer. Ce livre n’est certes pas à mettre entre toutes les mains en raisons des sujets abordés mais c’est sans la moindre hésitation, un des meilleurs seinen que j’ai pu lire.

Envie de vous faire peur, de frissonner , foncez avec le maitre de l’horreur Junji Ito 1ère partie.
Sorcières : une sublime plongée dans l’occulte
Sorcières est un manga paru en mai 2025. Il est édité par la maison Delcourt,…
Erio and the electric doll : la suite des aventures d’Erio et Ange
Toujours édité chez Mangetsu, ce second volume de Erio & the electric doll reprend tous…
Blue Summer Tome 1 : L’éphémérité d’un été lycéen
Autrice : Nagisa Furuya Date de parution : 2021 (2017 au Japon) Genres : Romance,…
Iwamoto Senpai : le surnaturel au service de l’armée
Pour cet été 2025, les éditions Mangetsu sortent le premier tome de Iwamoto Senpai, un…
Centuria, un nouveau souffle épique
Paru le 26 juin 2025 chez Kurokawa, Centuria est la nouvelle pépite de Tohru Kuramori…
Hinatsuba : la voie du sabre au féminin
Hinatsuba est un manga édité par la maison Petit à Petit. Il paraît en France…

Passionné par les mangas, comics et jeux vidéo depuis plus de 30 ans
Dingue de nems et de frites 🍤