Retour à Tomioka : une aventure onirique au coeur de Fukushima

Retour à Tomioka : une aventure onirique au coeur de Fukushima

D’abord pensé pour le cinéma, Retour à Tomioka est finalement adapté en bande dessinée.

On ressent pourtant cette volonté de créer un film d’animation grâce au dessin de Michaël Crouzar. En effet, les plans, le choix des couleurs ou le design des personnages font penser au style des dessins animés des studios Ghibli.

Le long métrage reste une option. Cependant, Retour à Tomioka marquera la jeunesse grâce à une magnifique BD.

Écrite par Laurent Galandon et dessinée par Michaël Crouzar, cette BD rejoint le 22 août 2024 le catalogue des éditions Jungle.

Cette aventure à la fois onirique et familiale égaye cette rentrée littéraire et saura toucher le coeur de ses lecteurs.

Osamu partage avec sa grand-mère son goût pour le merveilleux. Proche des yôkai, ces créatures magiques et malicieuses, il se tient loin des humains depuis qu’ils ont fuit Tomioka après l’accident nucléaire de Fukushima.

Mais lorsque Bâ-chan décède, Osamu ne peut se résoudre à l’enterrer loin de leur maison. Il convainc alors sa soeur, Akiko, de fuguer pour déposer ses cendres au pied de l’autel familial, au coeur de la zone interdite…

Jungle

Retour à Tomioka, c’est la volonté d’un jeune garçon de rendre hommage à sa grand-mère. Pour Osamu qui a perdu ses parents dans un accident, Bâ-chan représentait le dernier lien qui le rapprochait de ses parents.

Avec sa soeur, ils décident donc de repartir à Tomioka, dans la ferme familiale, pour y déposer les cendres de Bâ-chan.

Cette BD prend alors un sens universel. Elle aborde le deuil sous la forme d’un retour aux sources. Mais si l’on prend du recul sur l’histoire de ces deux jeunes enfants, on réalise qu’un message plus grand se cache derrière ce road trip adorable. Retour à Tomioka aborde les étapes de la reconstruction après une catastrophe. Catastrophe qui, ici, est d’ordre nucléaire.

Retour à Tomioka est parsemé de créatures fantastiques que seul Osamu peut voir. Chaque yôkaï semble avoir des pouvoirs et une symbolique propre. On retrouve un yôkaï qui permet de ne jamais se perdre ou un autre qui porte chance.

Osamu finit par rencontrer un yôkaï qui se dit maléfique. Pourtant, ce fameux yôkaï le met en garde contre la forêt contaminée par les radiations et montre ainsi qu’il n’est pas si mauvais que ça.

Le surnaturel est donc représenté par ces créatures issues du folklore japonais. D’autant que le yôkaï principal de l’histoire n’est autre qu’une personnification de la radioactivité. La dimension fantastique de l’histoire permet ainsi de donner une forme physique à un concept invisible.

Retour à Tomioka n’est pas une critique du nucléaire, mais plutôt une invitation à comprendre les conséquences du nucléaire.

Cette BD met en avant l’après catastrophe de Fukushima. Bien souvent, les journalistes ne parlent que de l’évènement dramatique au moment où il a lieu et oublient les séquelles qui en découlent.

Le monde ne s’arrête pas après une catastrophe pour ceux qui la subissent, mais perdure sur plusieurs générations. Cela se ressent dans le quotidien, que ce soit après la perte d’un proche ou simplement dans les changements qui s’opèrent sur la faune et la flore.

Cette BD ne prend pas le parti de faire une critique du nucléaire, mais choisit plutôt de sensibiliser les plus jeunes à cette réalité qui est plus proche de nous qu’on le pense. Par exemple, en France, on dénombre 56 réacteurs nucléaires et on n’est jamais à l’abri d’un accident. C’est cette possibilité que Retour à Tomioka met en avant. Cette BD est avant tout une ouverture au dialogue et au débat afin de rester vigilant.

Retour à Tomioka est une oeuvre magnifique. Que ce soit par ces dessins aux couleurs pastel d’une douceur fascinante ou par son histoire poignante, cette BD vous transportera à Tomioka, cette région désertée par les hommes, mais pas par la nature.

J’ai été subjuguée par le courage de ces deux enfants, mais aussi beaucoup touchée par le deuil qu’ils subissent. Osamu et Akiko ont déjà souffert de la perte de leurs parents et j’avoue avoir eu un pincement au coeur en voyant qu’ils allaient perdre un nouvel être cher.

En résumé, cette BD est une pure merveille à la fois touchante et vibrante de sens que je vous recommande à 1 000 000 000%

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